études économiques
Macédoine du Nord

Macédoine du Nord

Population 2,1 millions
PIB par habitant 6 714 $US
C
Evaluation des risques pays
A4
Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p) 2024 (p)
Croissance PIB (%) -4,7 4,5 2,2 2,0 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 1,2 3,2 14,2 9,5 4,0
Solde public / PIB (%) -8,0 -5,4 -4,5 -4,5 -3,5
Solde courant / PIB (%) -2,9 -2,8 -6,2 -2,0 -2,5
Dette publique / PIB (%) 50,8 53,4 52,1 51,5 51,0

(e) : Estimation (p) : Prévision

POINTS FORTS

  • Accord d’association et de stabilisation avec l’UE, candidate à l’adhésion depuis 2005 et début des négociations en 2022
  • Membre de l’OTAN depuis 2020
  • Intégration dans la chaîne de production manufacturière européenne
  • Compétitivité salariale
  • Soutien des bailleurs de fonds européens
  • Transferts élevés des travailleurs expatriés (16% du PIB)
  • Ancrage du denar à l’euro

POINTS FAIBLES

  • Faible taux d’emploi (45,5%), chômage structurel élevé (13,5%) et manque de productivité
  • Économie informelle importante (38% du PIB en 2022)
  • Émigration soutenue vers l’UE de la jeunesse confrontée à un chômage de 25,5%
  • Contenu élevé en importations des exportations, largement destinées à l’Allemagne, et dépendance énergétique
  • Forte euroisation (47% des dépôts bancaires et 42% du crédit)
  • Infrastructures de transport, d’énergie, de santé et d’éducation insuffisantes
  • Paysage politique polarisé et instable sur fond de brouilles interethniques
  • Progrès insuffisants dans la lutte contre la corruption et le crime organisé, et l’amélioration de l’Etat de droit

Appréciation du risque

L’investissement au service de la croissance

En 2023, la croissance est restée modeste en raison d’une demande intérieure encore altérée par l’inflation et de la morosité de l’activité économique chez les principaux partenaires, comme l’Allemagne qui absorbe près la moitié des exportations du pays (52% du PIB). En 2024, les exportations devraient reprendre progressivement, mais la contribution nette des échanges à la croissance restera négative, puisque les importations augmenteront également, stimulées par la construction d’infrastructures. En effet, l’investissement public soutiendra largement l’activité économique en accélérant le développement des infrastructures de transport, comme le Corridor VIII. Celui-ci vise le déploiement et l’électrification de deux axes, l’un routier, l’autre ferroviaire reliant l’Albanie à la Bulgarie, et traversant la Macédoine du Nord. En décembre 2023, dans le cadre de son initiative Global Gateway, l’Union européenne a annoncé accorder une aide financière et technique de 560 millions d’euros à la Macédoine du Nord, conjointement avec sa Banque européenne d’investissement (BEI) et la BERD, pour achever la troisième phase du tronçon oriental de la partie locale du corridor ferré (construction d’une section de 24km entre Kriva Palanka et la frontière avec la Bulgarie), et l’électrification de 88 km entre Kumanovo et la frontière. Les fonds européens soutiennent les investissements publics, mais aussi privés, notamment pour le développement énergétique. En mars 2023, le gouvernement a, par exemple, signé un prêt d’investissement de 70 millions d’euros avec la BEI pour la construction d’une station d’épuration dans la capitale Skopje. Le pays est également à la recherche d’investisseurs pour la construction de deux centrales électriques à l’hydrogène, pour une capacité combinée de 1,1GW. Son objectif est d’éliminer sa dépendance au charbon d’ici 2030, qui représente actuellement 40% du mix énergétique ; cette initiative sera soutenue par un plan de 3 milliards d’euros de la part de la BERD. Par ailleurs, la hausse des revenus des ménages continuera, en application des réformes, annoncées en 2023, portant sur la rémunération des fonctionnaires et l’augmentation des pensions. Conjuguée à une moindre inflation, cela accroîtra le pouvoir d’achat et stimulera la consommation privée. En effet, la tendance désinflationniste se poursuivra suite au resserrement monétaire et à la baisse des prix alimentaires mondiaux. La banque centrale (NBRNM), dont la monnaie est ancrée à l’euro, a augmenté son taux directeur en septembre 2023, pour la cinquième fois de l’année. Il s’élève désormais à 6,3% et devrait être maintenu à ce niveau, au moins durant le premier semestre, même si la hausse des salaires crée de nouvelles tensions inflationnistes. Les conditions de financement plus serrées continueront de peser sur les secteurs-clés, comme la construction, qui bénéficiera, toutefois, des projets d’infrastructures du gouvernement. Le secteur industriel (manufacturier, construction) restera un contributeur majeur à la croissance (1/4 du PIB), essentiellement tiré par le textile et la confection, ainsi que la production de composants automobiles.

Les déficits jumeaux financés par les fonds multilatéraux et les IDE

Les réformes budgétaires adoptées en 2023 entreront pleinement en vigueur en 2024, permettant de réduire le déficit public, selon le plan de stratégie budgétaire 2024-2028. Les modifications des règles d’imposition augmenteront les recettes ; le gouvernement a annoncé, en septembre 2023, la réduction des exonérations de TVA et d’impôt sur les sociétés, ainsi que l’introduction d’une taxe de solidarité de 30% pour les contribuables assujettis à l'impôt sur le revenu des sociétés. De plus, la suppression progressive des mesures de soutien énergétique et la croissance économique amélioreront l’assiette budgétaire. Néanmoins, la réforme des salaires publics, la hausse des pensions de 5,3% et les investissements publics en infrastructure, limiteront la baisse du déficit. Outre une hausse de 10% implémentée en septembre 2023, les rémunérations des fonctionnaires sont désormais indexées au salaire national brut et de nouvelles indemnités de congé leurs sont accordées. La hausse des dépenses en capital, notamment liées au projet d’autoroute vers l’Albanie, budgété à 10% du PIB sur les 5 années de sa construction, pèsera également sur les finances publiques. Le déficit sera largement financé par l’aide régionale et multilatérale. L’Union européenne fournit une assistance macro financière de 100 millions d’euros pour aider la Macédoine du Nord à faire face à ses besoins de financement en 2023 et 2024. Cette aide, sous forme d’un prêt en deux tranches égales, s’inscrit en parallèle de la Ligne de précaution et de liquidité du FMI, accordée en novembre 2022 pour un total de 530 millions sur deux ans. En janvier 2024, environ 200 millions d’euros ont été débloqués dans le cadre de cette Ligne pour soutenir le programme d’assainissement budgétaire. Le pays bénéficiera également d’un prêt de la Banque mondiale, accordé en décembre 2023, pour une durée de 11 ans et d’un montant de 93,8 millions d’euros. La dette publique est surtout extérieure (à 66%), libellée ou indexée à 78% en monnaie étrangère, essentiellement en euros (presque 70% de la dette publique). La part extérieure est détenue aux deux tiers par des créanciers privés, le reste par des officiels.
La balance commerciale est structurellement largement déficitaire en raison de la forte dépendance aux importations (plus de 70% du PIB), essentiellement d’énergie, de produits intermédiaires, de composants et de machines. Toutefois, elle s’est améliorée en 2023 grâce au tassement progressif des prix mondiaux de l’énergie, permettant au déficit courant de retrouver son niveau modéré antérieur à la guerre en Ukraine. Avec la normalisation graduelle du commerce européen, en 2024, tant les importations que les exportations (pièces automobiles, appareils électriques, meubles, vêtements), devraient reprendre, quoique soumises à l’activité allemande. Les larges investissements publics en infrastructure généreront des importations, ce qui creusera le déficit. Le solde des services restera néanmoins positif grâce aux services manufacturiers, et, dans une moindre mesure, aux transports et au tourisme. Le pays continuera de bénéficier d’envois de fonds par ses travailleurs expatriés. Inversement, les rapatriements des dividendes et autres revenus d’investissements par les investisseurs étrangers se poursuivront. Les IDE, s’élèveront à 3,7% du PIB, ce qui permettra de financer l’entièreté du déficit courant et de maintenir les réserves à un niveau correspondant à quatre mois d’importations. La dette extérieure représente 80% du PIB. Elle est due à 60% par le secteur privé, notamment dans le cadre de prêts intragroupes, en relation avec des investissements directs étrangers.

 

L’adhésion à l’UE, source d’espoir et de zizanie

La politique publique extérieure restera concentrée sur l’adhésion à l’Union européenne. Mais les avancées restent soumises à des amendements constitutionnels, proposés par la France en 2022, pour lever le veto de la Bulgarie. La Macédoine du Nord a ainsi accepté de reconnaître l’existence d’une minorité bulgare dans le pays, mais les modifications de la Constitution n’ont pas encore été réalisées, puisqu’elles requièrent une majorité de deux tiers au Parlement, difficile à obtenir. En effet, le principal parti d’opposition (de droite), VMRO DPMNE, qui a obtenu 44 sièges sur 120 à l’Assemblée aux dernières législatives de 2020, y est hostile. Le gouvernement antérieur à celui, technique, assurant l’intérim électoral, était dirigé par le socio-démocrate et pro-européen Dimitar Kovačevski (2022-2024). Celui-ci avait remanié son gouvernement, début 2023, afin d’élargir sa majorité parlementaire, en intégrant le parti Albano-macédonien. Les prochaines élections présidentielle (rôle symbolique) et législatives se tiennent en mai 2024 et risquent de cristalliser les tensions identitaires. Aux problèmes de cohésion inter-ethniques s’ajoutent un large chômage des jeunes (25,5%) et des scandales de corruption, qui érodent la popularité du parti majoritaire sortant, le SDSM (Union Sociale-Démocrate de Macédoine). Les législatives pourraient donc se faire au profit du VMRO DPMNE, qui risque de rencontrer des difficultés dans la formation d’une coalition, en cas de victoire. En effet, ses réticences quant aux changements constitutionnels nécessaires à l’adhésion européenne le privent du soutien non négligeable des partis albanais.
Par ailleurs, la Macédoine du Nord réduira encore sa dépendance énergétique au charbon et à la Russie via la construction d’un tronçon de 68km permettant l’interconnexion avec le gazoduc trans-adriatique (TAP) en Grèce, soutenu par la BEI à hauteur de 2,475 milliards d’euros. Cette volonté s’inscrit dans la continuité des efforts d’intégration et de connectivité régionale de la Macédoine du Nord (Corridors VII et X soutenus par l’UE, initiative Open Balkan avec l’Albanie et la Serbie).

 

Dernière mise à jour : Avril 2024

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