études économiques
Nigeria

Nigeria

Population 211,4 millions
PIB par habitant 2 089 $US
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) -1,8 3,6 3,3 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 13,2 17,0 18,8 20,1
Solde public / PIB (%) -5,6 -6,0 -5,5 -4,5
Solde courant / PIB (%) -4,0 -0,4 1,0 1,3
Dette publique / PIB (%) 34,5 36,6 37,5 39,0

(e) : Estimation (p) : Prévision *y compris dette des Etats, des collectivités locales, des entreprises publiques, emprunts auprès de la banque centrale et arriérés

POINTS FORTS

  • 1ère économie et population africaine
  • Importantes ressources en hydrocarbures (10ème rang mondial pour les réserves prouvées de pétrole, 9ème pour le gaz)
  • Large potentiel agricole (5ème producteur mondial de cacao) et minier (or, baryte, étain, zinc)
  • Rapide développement de la technologie financière et de l’industrie cinématographique
  • Faible endettement public extérieur rapporté au PIB

POINTS FAIBLES

  • Service de la dette excédant les maigres recettes fiscales (8% du PIB)
  • Dépendance au pétrole (90% des exportations, 50% des recettes fiscales)
  • Production pétrolière soumise au vol et au sabotage
  • Insuffisance du raffinage de pétrole et du transport de gaz
  • Activité manufacturière réduite (10% du PIB)
  • Déficientes infrastructures électriques et de transport pesant sur l’agriculture
  • Chômage, pauvreté, insécurité, corruption

Appréciation du risque

En dépit de l’essor des secteurs hors hydrocarbures, la croissance économique dépendra encore largement des performances du secteur pétrolier

Après avoir encore bénéficié des cours élevés des hydrocarbures en 2022, l’activité économique du Nigéria ralentira légèrement en 2023. Malgré la dépendance du pays à l’or noir et au gaz, les autres secteurs participeront, eux aussi, à la croissance, soutenus par le dynamisme des transports (2% du PIB) et l’expansion rapide de l’économie du numérique (15% du PIB). En effet, inauguré en janvier 2023 et situé à 150 kilomètres de Lagos, le nouveau port en eau profonde de Lekki constitue l’un des plus grands ports d’Afrique de l’Ouest et offrira un fort soutien à l’activité commerciale nigériane. En outre, le secteur des technologies de l’information (Fin Tech) et du divertissement (musique, cinéma...), en plein essor sous l’effet du développement de multiples start-ups, bénéficiera de la loiNigeria Start up Act.Promulguée par le gouvernement en octobre 2022, celle-ci prévoit des allégements fiscaux ainsi qu’un Fonds pour l’innovation. L’agriculture (25% du PIB) et l’industrie manufacturière (18% du PIB) pâtiront, quant à elles, des conséquences des inondations meurtrières d’octobre 2022. La destruction des cultures et de certaines infrastructures (routes, ponts …) perturbera l’activité, alors que le secteur agricole fournit 50% des emplois et fait vivre plus de 50% de la population. En outre, la croissance économique nigériane restera encore largement tirée par son secteur pétrolier. Son poids réel dans l’économie dépasse largement sa contribution stricto sensu au PIB (9%), dans la mesure où, ni le vol d’hydrocarbures, ni leur extraction clandestine, ni ses retombées sur l’ensemble de l’économie ne sont pris en compte. Malgré le retard de l’entrée en production de la nouvelle méga raffinerie Dangote – censée encourager la production de pétrole brut (avec une capacité de traitement de 650 000 b/j) et réduire les importations de produits raffinés – et le léger repli du prix mondial des hydrocarbures, les échanges commerciaux contribueront positivement à la croissance. En effet, l’importante dévaluation du naira (66% entre les 9 et 19 juin 2023, rejoignant le niveau du marché parallèle, mais avec de fortes fluctuations), intervenue suite à l’unification des guichets de change au sein du guichet Investisseurs et Exportateurs (I&E) et à l’adoption d’un change flottant par la Banque centrale du Nigéria (CBN), conformément au programme du nouveau président, pèsera sur la demande d’importations. Toutefois, les autres composantes du PIB souffriront d’un environnement économique domestique dégradé. L’investissement public sera, en effet, contraint par l’espace budgétaire limité du gouvernement. En outre, alors que l’activité de crédit des banques commerciales nigérianes résistera, l’investissement privé s’effritera, eu égard à la hausse des taux d’intérêt, à l’arrêt par la CBN de son programme de crédits subventionnés pour les PME et à l’insécurité grandissante dans le pays. Enfin, la consommation des ménages (65% du PIB) stagnera, bridée par un taux de chômage (33% de la population) et une inflation élevés. Alors que les denrées alimentaires représentent 50% du panier moyen de consommation de la population, leurs restrictions aux importations visant à encourager la production locale, combinées à la destruction des cultures par les récentes inondations et à l’insécurité qui pèse sur la production et le transport, ont fait grimper l’inflation alimentaire à 24,45% en mars 2023, contraignant la CBN à relever son taux directeur de 500 points de base cumulés depuis mai 2022, pour le porter à 18,5% en mai 2023. La hausse des taux d’intérêt ne suffira pas à diminuer l’inflation qui continuera sa progression, alors que la dévaluation du naira et la fin des subventions aux carburants augmenteront significativement le prix de l’essence, des transports et des biens alimentaires importés.

 

Libéralisation du change a priori favorable aux comptes extérieurs et publics

Bien qu’en amélioration, les finances publiques resteront déficitaires en 2023, en raison du niveau toujours élevé de dépenses courantes et de la mobilisation structurellement faible des recettes fiscales. La suppression de la subvention sur les carburants, ainsi que l’augmentation des revenus tirés des hydrocarbures (50% des recettes publiques), l’emporteront sur l’augmentation des intérêts sur la dette extérieure, deux augmentations causées par la dévaluation. De plus, l’exploitation d’un nouveau gisement, le redémarrage de deux oléoducs permis par la réduction des attaques criminelles et la construction prévue de terminaux GNL joueront aussi favorablement. Le gouvernement peine encore à augmenter les recettes publiques en provenance des activités non pétrolières (5% du PIB) – alors que l’économie souterraine représente environ 60%, favorisant l’évasion, que les exemptions sont légion et les taux bas. Les dépenses proviennent très largement du service de la dette, dont le paiement des intérêts absorbe 48 % des recettes publiques consolidées et près de 100 % des recettes du gouvernement fédéral, l'essentiel de la dette se situant à ce dernier niveau. Dans un contexte d’accès restreint au marché international des capitaux, le gouvernement continuera de recourir à la CBN, dont les avances passées ont été requalifiées en prêts sur 40 ans au taux de 9%. Alors que le poids de la dette en devises était jusqu’ici relativement faible (70% intérieure et en naira), la dette libellée en dollars augmentera significativement sous l’effet de la libéralisation du change.

En 2022, l’augmentation des recettes pétrolières (90% des exportations) a permis au Nigéria de retrouver un léger excédent de sa balance courante, et cette situation devrait perdurer en 2023. En effet, le non moins neuf excédent commercial (1,2% du PIB) pourrait croître, alors que la diminution de la demande intérieure, le renchérissement des produits importés suite à la dévaluation, et la mise en production de la méga raffinerie Dangote, supposée réduire les importations de carburant (15% des importations totales), feront plus que compenser l’impact négatif du repli des prix des hydrocarbures. Toutefois, en dépit de la baisse du coût du transport international, le déficit structurel de la balance des services (3,1% du PIB) se maintiendra en raison de la hausse du commerce pétrolier et gazier. Le déficit des revenus primaires (2,6% du PIB) demeurera, alimenté, notamment, par l’augmentation des intérêts sur la dette extérieure. L’excédent des revenus secondaires (4,7% du PIB) progressera, tiré par les envois d’argent des travailleurs expatriés dont la conversion se fera au taux du marché. Enfin, l’adoption d’un change flottant attirera les devises, surtout sous forme d’investissements de portefeuille.

 

L’arrivée pacifique d’un nouveau président sur fonds de défis économiques et sécuritaires

L’élection présidentielle du 1er mars 2023 s’est soldée par la victoire de Bola Tinubu (70 ans, musulman issu de l'ethnie Yoruba, majoritairement chrétienne, du sud du pays), candidat du parti au pouvoir, le All Progressives Congress (APC). Avec 36,6% des voix, il est arrivé en tête devant ses principaux opposants, son adversaire de longue date Atiku Abubakar (Peoples Democratic Party) et la nouvelle force Peter Obi (Labour Party), qui ont recueilli respectivement 29,1 % et 25,4 % des voix. Avec au moins 25% des suffrages exprimés dans un tiers des États fédérés, Tinubu a dépassé le seuil requis permettant d’éviter un second tour. Si les principaux partis d’opposition ont contesté les résultats, arguant des problèmes techniques, des retards dans le tri des résultats ou encore des actes d'intimidation et de violence ayant compromis les votes, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a rejeté les diverses plaintes et le président Tinubu a prêté serment le 29 mai. Par ailleurs, les élections parlementaires fédérales, ayant eu lieu le même jour, ont permis au parti présidentiel APC de remporter 159 des 360 sièges de la Chambre des représentants et 59 des 109 sièges du Sénat. Enfin, celui-ci est également sorti vainqueur des élections gouvernorales du 18 mars 2023, remportant 19 postes de gouverneurs, contre 12 pour le PDP. Le contexte intérieur dégradé du Nigéria, en particulier l’insécurité chronique dans de nombreuses régions, la pauvreté, le chômage ainsi que le prix élevé des produits de base, rendront difficile les réformes économiques et sociales impopulaires, nécessaires à l’assainissement des fondamentaux économiques du pays. L’annonce de l’arrêt des subventions sur les carburants a, ainsi, provoqué la colère des syndicats, qui ont immédiatement appelé à une grève générale illimitée. Le risque de rétropédalage du gouvernement n’est donc pas à exclure si le mouvement de contestation populaire venait à s’amplifier.

 

Dernière mise à jour : Juillet 2023

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