études économiques
Tadjikistan

Tadjikistan

Population 9,7 millions
PIB par habitant 906 $US
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Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

 

                                           

 

 

2020 2021 2022 2023 (f) 2024 (p)
Croissance PIB (%) 4,5 5,0 8,0 5,2 4,5
Inflation (moyenne annuelle, %) 8,6 9,5 6,9 5,4 5,8
Solde public / PIB (%)* -4,3 -0,7 -1,4 -2,7 -2,5
Solde courant / PIB (%) 4,3 8,4 6,4 -1,6 -2,4
Dette publique / PIB (%)* 49,8 42,5 34,8 32,3 31,3

(e) : Estimation (p) : Prévision

POINTS FORTS

  • Abondance des ressources naturelles (minerais, coton, hydroélectricité)
  • Potentiel hydroélectrique, agricole et touristique
  • Population jeune (50% a moins de 25 ans)
  • Soutien financier des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, dont la Chine
  • Membre de l’Initiative Ceinture et Route de la Chine

POINTS FAIBLES

  • Forte dépendance à la Russie (transferts des travailleurs expatriés et bases militaires), et à la Chine (infrastructures et dette)
  • Forte dépendance aux matières premières, faible diversification de l’économie
  • Système bancaire fragile et concentré, crédit dollarisé
  • Géographie difficile et vulnérabilité élevée aux catastrophes naturelles
  • Pauvreté élevée
  • Rôle limité du secteur privé, faibles IDE (1,3% du PIB)
  • Voisinage avec l’Afghanistan et conflit avec le Kirghizistan
  • Gouvernance défaillante

Appréciation du risque

Ralentissement de la croissance économique induit par la baisse des envois de fonds des travailleurs expatriés en Russie

Contre toute attente, l’activité économique du Tadjikistan est restée solide en 2022. En effet, les liens étroits avec la Russie ont finalement bénéficié à la croissance, le nombre de travailleurs tadjiks en Russie ayant augmenté de 51,8% au cours de l’année en réponse à l’augmentation des commandes de défense russes et à la mobilisation des travailleurs nationaux. Combinée à l’appréciation du rouble, la hausse des envois de fonds qui en a découlé, ainsi que l’arrivée de réfugiés russes et de leurs capitaux, ont largement alimenté la consommation des ménages (+14,5% en glissement annuel en 2022). La croissance économique devrait toutefois ralentir en 2023 et 2024, alors que son principal moteur d’expansion, les envois de fonds des travailleurs émigrés (37% du PIB, dont la majorité provient de Russie), s’essoufflera. En effet, le ralentissement de la demande de travailleurs étrangers en Russie dans le contexte de l’enlisement de la guerre en Ukraine, impactera négativement la consommation des ménages, pour lesquels les transferts monétaires représentent souvent la principale source de revenus. De même, les importations nettes contribueront négativement à la croissance. Le pays, importateur net de pétrole, souffrira de ses prix mondiaux encore élevés et du recul des prix de sa base étroite d’exportations (or et aluminium principalement). Ces vents contraires mis à part, la croissance économique sera portée par l’investissement public, alors que le gouvernement s’appuie sur une poignée de projets d’infrastructures phares, visant à générer de la croissance et à créer des emplois. Parmi eux, le projet hydroélectrique Rogoun, qui a débuté en 2016 et devrait être achevé en 2029, a pour ambition de construire le plus haut barrage du monde, capable de produire autant d’électricité que trois réacteurs nucléaires. Par ailleurs, l’assouplissement monétaire devrait favoriser la croissance de l’investissement du secteur privé, encore embryonnaire (15% de l’investissement total, 30% de la production industrielle et environ 13% de l’emploi formel). La Banque nationale du Tadjikistan (NBT) a, en effet, récemment entrepris un assouplissement de sa politique monétaire afin d’accélérer la croissance et l’investissement, réduisant de 100 bp, à 10%, son principal taux directeur en mai 2023. Après une hausse cumulée de 275 bp entre janvier 2021 et août 2022, la réduction des taux d’intérêt a été permise par le fléchissement de l’inflation, dans un contexte de libération des réserves alimentaires stratégiques du pays et de baisse de prix des matières premières, l’appréciation du somoni de 2,6% par rapport au dollar ayant contribué à freiner la pression extérieure sur les prix.

Politique budgétaire expansionniste et baisse des envois de fonds : détérioration des comptes publics et extérieurs

Après trois années consécutives excédentaires, le solde de la balance courante devrait toutefois devenir déficitaire en 2023, avant de se creuser en 2024. Les importants déficits de la balance commerciale (-27,1% du PIB en 2022) et de celle des services (-4,3% du PIB en 2022) se creuseront, sous les effets combinés de la baisse des exportations d’or, ainsi que du dynamisme des importations de biens de consommation, d’intrants et de services pour les projets d’infrastructures. Si ces déficits sont habituellement compensés par des entrées nettes sur les comptes de revenus, l’excédent des revenus secondaires (12,4% du PIB en 2022) pâtira de la baisse des envois d’argent des travailleurs expatriés en Russie ou au Kazakhstan. Le déficit de la balance courante, en particulier celui lié aux projets d’infrastructures, sera financé par des emprunts extérieurs à des conditions concessionnelles (453 millions de dollars en 2022). Dans ce contexte et au regard du niveau croissant des réserves de change (8 mois d’importations), la dette extérieure (49% du PIB dont 60% publique), principalement due à la Chine, reste soutenable, et ce, d’autant plus qu’elle se trouve sur une trajectoire descendante, à la faveur de la hausse du PIB et de l’appréciation du somoni.
Malgré le souci des autorités de rester proche de l’équilibre budgétaire, le déficit public continuera de se creuser en 2023, avant de se stabiliser en 2024. Cette évolution négative des finances publiques résulte du maintien par le gouvernement de sa politique de dépenses sociales dans la plupart des domaines (secteurs de l’énergie et de l’agriculture en particulier), ainsi que des lourds investissements dans le cadre de la construction de la centrale hydroélectrique de Rogoun. En dépit des allègements fiscaux prévus par le nouveau code des impôts introduit en janvier 2022, les revenus se maintiendront mais ne compenseront toutefois pas la politique expansionniste du gouvernement. Le déficit public restera largement financé par des ressources externes, en particulier par l’extension des prêts de la Chine et l’arrivée de nouveaux financements des prêteurs multilatéraux. La dette publique (34,8% du PIB, dont 90% en devises) poursuivra sa dynamique baissière.

 

Régime plus répressif et voisinage afghan

Le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, maintient un système politique répressif et assure, peu à peu, l’encrage de sa famille au pouvoir. Son fils, Rustam Emomali, a ainsi été élu président de la chambre haute du Parlement en avril 2020, ce qui le place en première position pour succéder à son père, qui dirige le pays depuis le début des années 1990. Alors que le mécontentement de la population – lié à la pauvreté généralisée, au chômage et au manque de libertés – ne cesse de croître, le risque d’un soulèvement populaire reste limité, compte tenu de la sévère répression gouvernementale, de telle sorte qu’Emomali Rahmon et ses proches devraient rester au pouvoir jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielles de 2025 et 2027 respectivement. Toutefois, l’un des principaux risques intérieurs concerne la région autonome du Gorno-Badakhchan (GBAO), dans l'est du Tadjikistan, où ont eu lieu, en mai 2022, des nouvelles manifestations, réprimées dans le sang et provoquées par le mécontentement croissant de la population à l’égard des représentants locaux du pouvoir central.
Sur le plan extérieur, le Tadjikistan a, jusqu’ici, maintenu une position neutre vis-à-vis de la guerre en Ukraine, sans doute du fait des liens sécuritaires et humains. L’Afghanistan, à la population au quart tadjik, avec lequel existe une frontière poreuse de 1357 km, et dont le gouvernement tadjik désapprouve le régime taliban, pose un risque. Alors que la présence militaire russe semble s’être réduite depuis la guerre en Ukraine, le Tadjikistan a renforcé ses liens avec la Chine, devenue le partenaire bilatéral le plus important en terme d’investissements et de capitaux.

 

Dernière mise à jour : Septembre 2023

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