études économiques
Montenegro

Montenegro

Population 0,6 million
PIB par habitant 9 433 $US
C
Evaluation des risques pays
A4
Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (p)
Croissance PIB (%) -15,2 12,4 6,4 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) -0,2 2,4 13,0 8,5
Solde public / PIB (%) -10,0 -1,7 -5,0 -4,6
Solde courant / PIB (%) -25,0 -13,7 -11,7 -12,1
Dette publique / PIB (%) 107,2 86,8 74,4 70,6

(e) : Estimation (p) : Prévision

POINTS FORTS

  • Tourisme en essor
  • Candidature à l’Union Européenne appuyée par des réformes économiques (programmeEurope Now)
  • Utilisation de l’euro évitant des crises de change

POINTS FAIBLES

  • Petite économie peu diversifiée, avec une faible base exportatrice et une dépendance au tourisme
  • Déficit courant structurel plombé par un fort déficit commercial, ayant généré une dette extérieure élevée (~160% du PIB en 2021, 69% pour sa part publique)
  • Corruption, économie informelle, émigration et chômage (14,6% au T2 2022)
  • Utilisation de l’euro pouvant entraîner des chocs asymétriques, sans perspective rapide crédible de participer à la gouvernance économique et monétaire européenne

Appréciation du risque

Une croissance portée par le tourisme et la consommation

Face à une économie peu diversifiée et une émigration provoquée par la pauvreté, le gouvernement s’efforce de promouvoir un système social protecteur. Cela devrait bénéficier au pouvoir d’achat des ménages en 2023. Si l’inflation importée est logiquement apparue en 2022 après l’invasion de l’Ukraine, la consommation (75% du PIB prévu en 2022) étant alimentée par des importations élevées de biens, des mesures (suppression des cotisations maladies employés [4% du PIB], hausse du salaire minimum de 250€ à 450€/mois) ont fortement rémunéré le facteur travail, avec un chômage en baisse continue. En 2023, un maintien des réductions sur l’électricité ainsi que des hausses prévues des pensions famille et vieillesse devraient favoriser les dépenses des ménages.

En parallèle, la construction reste un moteur de la croissance. Une portion de la route entre le port de Bar et la frontière serbe a été mise en service en 2022 au moyen d’un prêt de 1 milliard par l’Eximbank chinoise. Visant à mieux connecter le pays avec son voisin et premier partenaire commercial, la Serbie, l’achèvement de ce chantier n’est toutefois pas financé et a d’ores et déjà évincé d’autres projets, en raison de la dette élevée de l’Etat. Cependant, les commandes du secteur sont portées par les besoins en infrastructures et hébergements des stations balnéaires. Longtemps vu comme potentiel, l’existence d’hydrocarbures en mer n’a toujours pas été confirmé par des forages d’exploration menés en 2022.

La dépense publique devrait donc se maintenir à un niveau élevé (45% du PIB) à court terme. L’instabilité politique jusqu’aux élections législatives désincitera probablement aux efforts d’assainissement, notamment dans des entreprises publiques inefficaces bien qu’occupant une part importante dans l’économie.

Concernant les exportations, l’aluminium devrait se maintenir à des cours élevés, limitant la baisse des volumes attendue avec le refroidissement européen. Quant au tourisme, l’absence des voyageurs russes (25% des entrées en 2019) n’a toutefois pas entravé la reprise post-pandémique du secteur portée par les visiteurs occidentaux, reprise qui devrait continuer de s’étendre avec l’amélioration des infrastructures.

 

Un déficit extérieur élevé mais stable malgré l’inflation

Poursuivant ses efforts de convergence afin d’intégrer l’Union Européenne (UE), Pristina affronte un retard dans la diversification de son économie et une inefficacité persistante de l’Etat, ce retard se payant par un niveau encore élevé des dettes extérieures et publiques. Appliqué depuis début 2022, le programmeEurope Nowinclut dans son volet fiscal le remplacement desflat taxespar un impôt sur le revenu des personnes physiques et morales progressif ainsi qu’une amélioration de la collecte effective. Malgré un déficit élevé, l’Etat ne risque toutefois pas le défaut grâce à des financements à long terme et la protection de change offerte par l’euro. A 90% externe, la dette publique correspond pour 56% à des eurobonds et des prêts de banques étrangères, et pour 17% à un prêt de l’Eximbank chinoise.

Structurellement déficitaire, en raison du déficit commercial vertigineux, la balance courante devrait se stabiliser sur un plateau élevé en 2023 sous les effets adverses d’une hausse des revenus du tourisme, d’un côté, et d’une baisse relative des remises des expatriés (11% du PIB) et du renchérissement des importations, de l’autre. Requérant toujours des IDE massifs, notamment dans l’immobilier touristique, pour financer ce déficit, le gouvernement élu sur un programme anti-corruption n’a pas concrètement dépassé la contradiction, des responsables proches du premier ministre Abazović étant accusé de contrebande de cigarettes en octobre 2022.

 

Tiraillements politiques entre Serbie, UE et politique interne

Après trente ans de pouvoir de Milo Đukanović du Parti démocratique socialiste (DPS), les élections législatives de 2020 marquent une première alternance. Ayant capitalisé sur le rejet de la corruption, les partis unis dans l’opposition se sont toutefois déchirés au pouvoir, le gouvernement Krivokapić finissant renversé en février 2022. Il est remplacé par un gouvernement minoritaire dirigé par Abazović, à son tour désavoué en août lors d’une motion de défiance du DPS en lien avec les biens de l’Eglise serbe et contraint à l’expédition des affaires courantes. L’élection présidentielle, dont le second tour a eu lieu le 2 avril, a été remportée par Jakov Milatović, co-fondateur du partiEurope Now, avec 60% des votes, face au président sortant, Milo Đukanović, suite à une alliance avec les candidats des autres partis, Aleksa Bečić du Montenegro Democratique, et Andrija Mandić de Nouvelle démocratie serbe. Jakov Milatovićs’est engagé à combattre la corruption, à améliorer les standards de vie des habitants et à renforcer les liens avec l'Union européenne et la Serbie. Avant le premier tour, en mars 2023, Đukanović a dissout le Parlement : des élections législatives sont prévues pour le 11 juin 2023. Ayant échoué à transformer sa motion en succès aux élections locales d’octobre, le parti socialiste (DPS) n’est plus assuré de reformer une majorité, laissant présager une poursuite de la recomposition politique.

Longtemps mises sous le boisseau afin d’attirer les investissements sous Đukanović, les limites d’un positionnement entre « Ouest et Est » contraignent désormais la politique étrangère de Podgorica. Membre de l’OTAN depuis 2017 (malgré une opinion mitigée) et appliquant les sanctions contre la Russie, la petite nation a été la cible de cyberattaques généralisées en août 2022 (attribuées à la Russie). Vis-à-vis de Belgrade, alliée de Moscou mais aussi sœur dominatrice dont Podgorica a obtenu l’indépendance en 2006, l’ambiguïté stratégique persiste, non plus tant pour ménager toutes les parties de l’opinion qu’en raison des clivages au parlement. Suite à son élection, Milatović a cependant exprimé sa volonté d’améliorer les relations entre les deux pays. Les parlementaires se divisent également sur le projet de marché intégré des Balkans « Open Balkans ». Si un consensus existe en direction de l’Union Européenne, les gouvernements successifs ayant assimilé l’acquis communautaire au niveau le plus avancé des pays candidats, une intégration rapide ne devrait toutefois pas avoir lieu vu les réformes économiques à accomplir et la récente instabilité politique locale.

 

Dernière mise à jour : Avril 2023

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