

Montenegro
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -15,2 | 12,4 | 3,2 | 2,0 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | -0,2 | 2,4 | 6,4 | 3,0 |
Solde public / PIB (%) | -10,0 | -1,7 | -5,0 | -4,6 |
Solde courant / PIB (%) | -25,0 | -13,7 | -11,7 | -12,1 |
Dette publique / PIB (%) | 107,2 | 86,8 | 74,4 | 70,6 |
(e) : Estimation (p) : Prévision
POINTS FORTS
- Tourisme (mer, montagne) et potentiel hydroélectrique
- L’utilisation de l’euro facilite les échanges et contribue à sa relative stabilité financière
- Soutien international, notamment de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI)
- Accord d’association et de stabilisation avec l’UE et négociations d’adhésion depuis 2012
- Membre du marché commun régional lancé fin 2020 comprenant les six pays des Balkans occidentaux candidats à l’adhésion à l’UE et visant à éliminer les barrières commerciales entre les pays d’ici 2024 et à coordonner les politiques d’investissement
- Membre de l’OTAN depuis 2017
POINTS FAIBLES
- Petit marché et démographie défavorable (38% de la population vit à l’étranger)
- Économie sous-diversifiée et forte dépendance à l’égard du tourisme (22 % du PIB, y compris les activités directes et indirectes), ce qui entraîne un énorme déficit commercial
- Production d’électricité (50%) largement basée sur le charbon subventionné, et secteur hydroélectrique sous-développé (utilisation d’environ 20% de son potentiel).
- L’adoption unilatérale de l’euro empêche le soutien de la Banque centrale européenne (BCE) et l’indépendance de la politique monétaire
- Forte pauvreté (25% de la population en 2018) dans un contexte de chômage élevé (25% en 2022), de faibles niveaux d’éducation et d’une économie informelle importante (25% de la population active)
- Mauvaise gouvernance: corruption, faible indépendance des médias et criminalité organisée, tandis que la politisation du système judiciaire entrave l’exécution des contrats et le traitement de l’insolvabilité
- Malgré les investissements, les réseaux routiers et électriques sont déficients, ce qui entrave la connectivité régionale
Appréciation du risque
L’activité économique se stabilise grâce à la reprise progressive du tourisme
Après un fort rebond en 2021 sous l’impulsion d’une reprise du tourisme, l’économie monténégrine retrouvera son rythme normal de croissance en 2022. Néanmoins, sa reprise reste fragile, puisque la pandémie a lourdement impacté l’activité touristique et, en partie à travers elle, la consommation privée et l'investissement. Les arrivées de touristes ont pourtant augmenté à partir du deuxième trimestre 2021, mais restent très inférieures aux niveaux de 2019. L’incertitude liée à la crise sanitaire découragera les voyageurs, tant que les vaccins n'auront pas été déployés dans toute l'Europe. Le Monténégro reste à la traîne ; au 13 janvier, 41,2% de la population totale avait été complètement vaccinée.
En 2022, les principaux moteurs de la croissance seront la consommation privée (73% du PIB) et les exportations nettes (-21% du PIB). La consommation privée connaîtra une hausse de 6%, notamment grâce à la levée des restrictions liées à la situation sanitaire, puisque la majeure partie de la population sera vaccinée d’ici mi-2022. La reprise de l’activité touristique permettra une baisse du taux de chômage estimé à 25,4% en 2022, après qu’il a atteint 29.6% en 2021 suite à la suppression des dispositifs d'aide publique face à la pandémie. L’inflation, redevenue positive au deuxième semestre 2021 en raison de l’augmentation des prix dans les restaurants et hôtels, transports et denrées alimentaires, ainsi que la hausse des prix mondiaux de pétrole, devrait se modérer en 2022. Ainsi, l’amélioration de la situation sanitaire et le repli de l’inflation encourageront la hausse du revenu disponible des ménages et donc leur propension à consommer.
Les exportations de biens et services soutiendront davantage la croissance que les années précédentes. Elles bénéficieront d'une reprise des prix des produits de base (aluminium) et d'une amélioration de l’activité touristique. Cela dit, les importations augmenteront plus rapidement en raison des besoins liés aux projets d'infrastructure. La balance commerciale contribuera alors négativement à la croissance, mais moins que précédemment.
L’austérité pour sauver les finances publiques
Le gouvernement est contraint de prendre des mesures d'austérité pour contrer l’impact du Covid-19 sur les finances publiques. En juillet 2020, il avait adopté un plan de relance d'un montant de 1,2 milliard d'euros (26,6 % du PIB), faisant exploser le déficit budgétaire. Le rebond de l’activité a depuis stimulé les recettes publiques, qui, associées à une gestion budgétaire prudente, permettront de réduire le déficit. L’austérité conditionnera les dépenses publiques à un niveau relativement faible se traduisant par un ralentissement de l’investissement en capital fixe (27% du PIB en 2021). Ce dernier devrait contribuer à hauteur d’1,4 point de pourcentage à la croissance en 2022 (contre en moyenne 3,6 points en 2015-2020). Pour procéder à l’assainissement de ses comptes publics, le ministre des finances a signalé qu'une réforme fiscale sera mise en place entre 2022 et 2023. Cette dernière prévoit d'introduire un impôt sur le revenu des personnes morales, ainsi qu'un impôt progressif sur le revenu des personnes physiques, tout en augmentant le salaire mensuel brut non imposable à 700 €. Les cotisations d'assurance maladie seraient supprimées, tandis que les droits d'accise augmenteraient. Le gouvernement introduirait également une taxe spéciale sur les retraits d'argent liquide pour lutter contre l'économie informelle. Le pays a reçu l'aide de l'UE pour rembourser un prêt accordé en 2014 par l’Eximbank of China pour la construction d’une première section de 41 kms de l'autoroute Bar-Boljare (171 kms au total) destinée à relier la côte à la frontière serbe. Le premier remboursement, de USD 33 millions, a été effectué en juillet 2021 (sur un montant total de USD 944 millions). L’UE a marqué son intention de financer le reste de l’autoroute. Le pays a également émis, en décembre 2020, une euro-obligation de 750 millions d'euros destinés à rembourser le principal des emprunts arrivant à échéance en 2021 et à financer le déficit budgétaire. Le pays sollicitera le soutien financier de ses partenaires européens afin de faire face à ses engagements.
Le Monténégro produit et exporte relativement peu de marchandises et enregistre structurellement un déficit commercial. La remontée de l’excédent de la balance des services (20% du PIB), grâce au tourisme et, dans une moindre mesure, des remises d’expatriés, permettront de réduire le déficit du compte courant.
L’instabilité de la coalition gouvernementale s’accentue
Les élections législatives d’août 2020 ont provoqué un changement inédit avec la défaite du Parti démocrate des socialistes (DPS), au pouvoir depuis 1991, au profit d’une coalition hétéroclite (41 sièges sur 81). Cependant, une fois que les influences unificatrices de la volonté de se défaire du DPS, de la lutte contre la corruption et de la crise s’estomperont, la coalition pourrait s’effondrer avant les élections d’août 2024. Elle s’articule autour de trois alliances bien différentes : Pour l’avenir du Monténégro (ZBCG - populiste et conservateur), dirigé par le premier ministre Zdravko Krivokapic, La paix est notre nation (centriste) et Action réformiste unie (progressiste et verte). Le DPS et son dirigeant, l’actuel président Milo Djukanovic, élu en avril 2018, pourraient tenter d’exploiter ces faiblesses. Le 5 septembre 2021, suite à l’adoption d’une loi transférant la propriété de certains édifices religieux à l’Etat, des manifestations violentes ont tenté d’empêcher l’inauguration du nouveau chef de la branche locale de l’église orthodoxe serbe, la plus grande dénomination du pays, en présence du patriarche serbe. Bien que pro-serbe et pro-russe, le ZBCG, représentant la population revendiquant ses liens avec la Serbie et son église, s’est engagé à rester dans l’OTAN et sur la voie de l’adhésion à l’UE. Cependant, des relations plus étroites avec la Russie et la Serbie ne peuvent être exclues.
Dernière mise à jour : Février 2022