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24/09/2014
Risque pays et études économiques

Les compagnies aériennes européennes parmi les moins rentables du monde : quel scénario d’adaptation ?

Les compagnies aériennes européennes parmi les moins rentables du monde : quel scénario d’adaptation ?

A l’heure où il apparaît vital de capter le potentiel de croissance en Asie, les compagnies européennes butent sur la concurrence agressive deslow costet des compagnies du Golfe. Elles comptent aujourd’hui parmi les moins rentables au monde. Face à ces nouvelles contraintes, quelles évolutions sont envisageables ?

 

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Des compagnies face à des défis majeurs

 

  • Des pressions concurrentielles croissantes

 Alors que le marché interne américain s’est ouvert à la concurrence en 1978, l’Union européenne n’a libéré son marché intérieur qu’à partir de 1997. Depuis, toutes les compagnies aériennes européennes ont la capacité de réaliser des liaisons au sein de la région sans restriction de trafic et de fixer librement leur prix. La création de ce marché unique a favorisé l’entrée de nouveaux acteurs, majoritairement des low cost, provoquant une baisse des prix substantielle des vols intérieurs. A ce titre, le nombre de liaisons desservies par plus de deux concurrents a quadruplé entre 1992 et 2012[1].

En parallèle, une autre concurrence se développe encore plus rapidement. Elle concerne le long-courrier et provient des compagnies du Golfe, qui affichent d’excellentes performances, notamment grâce à une stratégie agressive des autorités publiques visant à dynamiser la région. Depuis peu, leurs prises de participation dans des compagnies européennes s’accélèrent, faute d’obtenir de nouveaux droits de trafic

 

  • Vers un déplacement des hubs

 Avec une pénétration du marché de 51 000 sièges par million d’habitants, le marché européen semble relativement bien développé. L’élasticité entre l’augmentation de richesse et le trafic aérien apparaît bien plus élevée dans les pays émergents. Pour une hausse de 10% du PIB, la demande de transport aérien y augmente de 20% contre 15% pour les pays développés. Le plus gros potentiel de croissance se localise aujourd’hui et demain en Asie. Par exemple, en Chine, entre 1992 et 2012 le nombre de vols hebdomadaires est passé de 2 184 à 52 651[2].

 

L’ensemble du secteur aérien européen est donc fragilisé par ces nouvelles contraintes. Les compagnies européennes sont devenues les moins rentables du monde, en témoignent les alertes sur leurs résultats lancées par Air France et Lufthansa en 2014. De plus, l’Union européenne pâtit de sous-capacités aéroportuaires liées à un déficit d’investissement. Cette saturation réduirait les perspectives de captation de la demande potentielle et augmenterait les coûts d’exploitation de 50% d’ici 2050[3].

 

 

Capture

 

 

Vers un scénario à l’américaine ?

 

« Face à cette pression concurrentielle croissante, deux scenarios sont envisageables : investir massivement pour capter la nouvelle demande ou se regrouper pour subsister.Cette deuxième hypothèse nous semble la plus probable, si l’on considère les évolutions observées sur le marché intérieur américain, qui a connu des mouvements poussés de concentration.», commente Guillaume Baqué, économiste à Coface.

 

Aux Etats-Unis, les changements découlant de la loi fédérale de libéralisationAirline deregulation act, en octobre 1978, se sont déployés suivant trois phases distinctes :

  • Phase n°1 : augmentation du nombre de passagers en raison du déploiement de nouveaux entrants low cost. La libre fixation des prix a permis une plus grande diversité de l’offre et un accroissement du taux de remplissage des avions, en partie suite au yield management inventé par Delta Airlines en 1984.
  • Phase n°2 : depuis 2008, concentration du marché, suite à un nombre croissant d’acteurs affectant la rentabilité du secteur. Delta a acquis Northwest, Southwest a acquis AirTrans et American Airlines va fusionner avec US Airways. Les sept grandes compagnies des années 1990 ont formé trois géants du transport aérien.
  • Phase n°3 : restrictions des capacités pour réaliser des économies d’échelle liées à la rationalisation des réseaux, à travers notamment la diminution du nombre de hubs et l’augmentation des revenus grâce aux frais accessoires.

En Europe, une première vague de concentration s’est bien produite (Air France / KLM, Lufthansa / Swiss Air Lines, British Airways / Iberia…), mais la rentabilité espérée reste trop faible. Un autre mouvement de concentration, comparable à la phase 2 du scénario américain, est probable. Cependant, si l’émergence de super acteurs de l’Union européenne permettrait d’affronter la concurrence étrangère, elle s’accompagnerait de nouvelles problématiques telles qu’une possible réduction des dessertes et une hausse des prix.

 

[1] Données OAG

[2] IATA (2007), Estimating air travel elasticities, décembre

[3] SESAR

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Annie LORENZANA

RESPONSABLE MARKETING ET COMMUNICATION
Amérique du Nord
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