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23/09/2016
Risque pays et études économiques

Amérique latine : Pourquoi les exportations de biens manufacturés sont-elles encore en berne ?

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  • Dans le passé, les exportations latino-américaines étaient dopées par l'appétit insatiable de la Chine pour les matières premières et l'envolée de leurs prix sur les marchés internationaux
  • Les exportations de biens manufacturés enregistrent globalement de mauvais résultats depuis deux décennies
  • Un coût de la main d'œuvre élevé, une piètre qualité des infrastructures et des effets limités des accords commerciaux sont autant de facteurs pénalisant la performance dans les six pays analysés : Argentine, Brésil, Mexique, Colombie, Chili et Pérou
  • Il est peu probable que les exportations de biens manufacturés connaissent un fort rebond dans un proche avenir

Le commerce extérieur ne sera pas le vecteur principal de la croissance de l'Amérique latine dans les prochaines années

Jusqu'en 2014, les exportations latino-américaines étaient dopées par l'appétit insatiable de la Chine pour les matières premières et l'envolée de leurs prix sur les marchés internationaux. Les ressources naturelles abondantes procuraient des gains économiques pendant la période faste pour les matières premières. Mais cette tendance a également engendré une appréciation des taux de change pour de nombreux pays de la région, avec un impact sur la compétitivité du secteur manufacturier.

Dans l'ensemble, les pays n'ont pas su profiter par le passé de l'aubaine liée aux produits de base pour mettre en œuvre les réformes nécessaires. Ils sont maintenant confrontés à de sérieux défis, alors que les recettes publiques ont fondu. Les difficultés suivantes entraveront la performance des exportations de produits manufacturés à court et moyen termes :

  • Il n'y aura pas d'améliorations notoires de la compétitivité prix, en raison de la récente appréciation des taux de change, ni de fortes baisses du coût de la main d'œuvre ;
  • L'activité mondiale ne devrait pas connaître de croissance vigoureuse dans un proche avenir ;
  • Il sera difficile de résoudre les problèmes d’infrastructures, compte tenu des scandales de corruption et de l'absence de cadre réglementaire correctement défini ;
  • Le protectionnisme gagne du terrain à travers le monde, et la signature d'accords commerciaux avec d'importantes zones d'échanges semble compromise.

Industrie manufacturière : une piètre performance depuis deux décennies, une prédominance des produits primaires

Les exportations de biens manufacturés en valeur dans les six pays analysés ont considérablement augmenté ces dix dernières années. Cependant, dans l'ensemble, l'évolution des exportations de produits de base a été plus importante que celle des biens manufacturés. La prédominance des exportations de matières premières dans certains pays tient principalement à la hausse du prix de ces matières premières (observée jusqu'à la mi-2014), qui s'est accompagnée d'une appréciation des taux de change réels, de hausses salariales et, dans certains cas, de l'imposition de taxes supplémentaires. Autant de facteurs qui pénalisent la compétitivité de la production manufacturière depuis dix ans.

Les exportations de biens manufacturés n'ont pas augmenté de manière très significative en pourcentage du PIB, et leur contribution a même tendance à se réduire depuis 2015. Au Mexique, seul pays de la région où les exportations de biens manufacturés sont prédominantes, elles ont atteint 27 % du PIB en 2015, contre 19 % en 2005. Dans les autres pays, ces exportations ont représenté moins de 5 % du PIB en 2015.

 

La forte contraction du prix des produits primaires sur les marchés internationaux depuis mi-2014 a été suivie de pressions à la baisse sur les taux de change. Néanmoins l'évolution des exportations de biens manufacturés reste relativement peu affectée par les fluctuations des taux de change comparé à l’influence de la demande mondiale.

 

Pourquoi une telle morosité des exportations ?

  • Coût de la main d'œuvre : les salaires réels jouent un rôle majeur dans la compétitivité des produits car la main d'œuvre pèse généralement très lourd dans les structures de coûts des entreprises. Au Brésil et en Argentine, le salaire minimum a systématiquement augmenté au-delà de la productivité.
  • Piètre qualité des infrastructures : la piètre qualité des infrastructures d'Amérique latine est un problème récurrent. Cet aspect est l'un des facteurs susceptibles d'empêcher un rebond des exportations. La bureaucratie complexe qui s'applique aux exportations est également un frein aux activités manufacturières de la région.
  • Moindre rôle des accords commerciaux : Ces dix dernières années, le Mercosur n'a réussi à négocier que deux accords commerciaux, tous deux avec des pays de moindre importance en termes de volumes d'échanges. Même les pays de l'Alliance du Pacifique, qui se sont montrés plus efficaces dans la conclusion d'accords, n’ont pas réussi à améliorer la situation des exportations de biens manufacturés.

Exportations de biens manufacturés : pas de rebond marqué dans un proche avenir

La compétitivité prix a peu de chance de s'améliorer de manière conséquente, à cause de la récente appréciation des taux de change et d'une main d'œuvre chère.

Autre facteur : l'activité mondiale ne devrait pas connaître de croissance vigoureuse dans un avenir proche, ce qui limite la demande internationale en biens manufacturés. Coface estime que le PIB des pays avancés augmentera de 1,6 % en 2016 et en 2017 (en baisse par rapport à 1,9 % en 2015). Dans les pays émergents, le PIB devrait augmenter de 3,7 % en 2016 et de 4,2 % en 2017 (en progression par rapport à 3,4 % en 2015). En Chine, l'activité devrait poursuivre sa décélération progressive.

La résolution des problèmes d'infrastructures dans la région est fondamentale pour doper la productivité des marchandises, afin de réduire les coûts de fret. Les partenariats public-privé sont vivement encouragés par les gouvernements locaux, mais la prudence reste de mise chez les investisseurs en raison d'un climat des affaires dégradé.

Le contexte politique et économique mondial est moins propice à l'ouverture des échanges commerciaux que par le passé et la montée du protectionnisme fera obstacle à une augmentation des exportations.

En résumé, Coface prévoit un faible dynamisme des exportations de biens manufacturés dans un proche avenir. Même en 2017, une forte reprise est peu probable, malgré la hausse progressive de la demande mondiale et du prix des matières premières qui pourrait conduire à une légère embellie.

 

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Annie LORENZANA

RESPONSABLE MARKETING ET COMMUNICATION
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