Sierra Leone

Afrique

PIB / Habitant ($)
754,3 $
Population (en 2021)
8,5 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
D
Précédemment
D
Précédemment
D

suggestions

Résumé

Points forts

  • Importantes ressources minières : minerai de fer, titane (rutile), aluminium, tantalite, diamant et or
  • Production de bois, café, riz, cacao et huile de palme
  • Soutien financier des institutions internationales (FMI, Banque mondiale, Banque africaine de développement)
  • Potentiel touristique
  • Importante activité portuaire amenée à se développer
  • Participation du pays à l’AGOA (African Growth and Opportunity Act)

Points faibles

  • Vulnérabilité aux conditions météorologiques
  • Forte dépendance à l'égard des prix des matières premières
  • Faiblesse des recettes publiques (15% du PIB), même augmentées de l’aide internationale (4% du PIB)
  • Corruption, protection insuffisante des droits de propriété
  • Difficulté d'accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises
  • Infrastructures inadéquates, système de santé défaillant
  • Risque d'une nouvelle épidémie d'Ebola
  • Extrême pauvreté et chômage élevé

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Chine
41%
Macédoine du Nord
31%
Europe
7%
Corée du Sud
5%
Somalia, Somali Republic
4%

Import des biens en % du total

Chine 20 %
20%
Europe 13 %
13%
Inde 11 %
11%
Macédoine du Nord 6 %
6%
Émirats arabes unis 6 %
6%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une reprise tirée par les secteurs minier et agricole

Après une année 2022 déjà obérée par les conséquences inflationnistes du conflit russo-ukrainien et de fortes inondations, la croissance de la Sierra Leone devrait juste se maintenir en 2023 avant de connaitre un rebond en 2024. Les recettes d’exportations participeront à ce regain grâce aux cours élevés des minerais de fer, de titane et d’aluminium qui représentent, ensemble, 70% des exportations du pays. La poursuite de la reprise des secteurs minier, avec la montée en puissance de la production de minerais de fer dans les mines de Marampa et Tonkolili, et agricole, avec la distribution par le gouvernement de semences de riz et d’outils, sera porteuse tant en 2023 qu’en 2024. Néanmoins, le secteur agricole (57% du PIB et deux tiers des emplois en 2021, assurant la subsistance d’une grande partie de la population) devrait encore souffrir, en 2023, des conséquences des inondations dévastatrices de 2022. De plus, l’inflation augmentera encore en 2023 alors qu’elle était déjà élevée en 2022 en raison de la forte dépréciation du leone (67,3% en glissement annuel à fin 2022). La hausse plus importante que prévue des dépenses publiques sous formes de subventions alimentaires et énergétiques a également participé au renforcement de l’inflation en stimulant la demande. L’inflation continuera à être nourrie en 2023 par les prix des denrées alimentaires et des carburants importés. Par ailleurs, le phénomène El Niño devrait impacter négativement les récoltes des pays asiatiques depuis lesquels la Sierra Leone importe principalement du riz, ce qui renchérira d’autant plus les prix alimentaires. Nonobstant, les échéances électorales étant passées, une légère détente des tensions inflationnistes est attendue pour 2024 du fait des mesures prises par le nouveau gouvernement afin de resserrer la politique budgétaire, ce qui devrait freiner la consommation des ménages. En parallèle, le durcissement des conditions monétaires participera également à l’allégement des pressions inflationnistes. La Banque Centrale devrait poursuivre la hausse de son taux directeur déjà amorcée début 2022 (19,25% en juillet 2023 contre 14% en janvier 2022) afin de lutter contre la hausse des prix et la dépréciation de sa monnaie. Par ailleurs, le « nouveau leone », mis en circulation en mars 2023, remplacera la monnaie actuelle au taux de 1 pour 1000 courant 2023, redonnant de la confiance à la population dans sa monnaie.

Les déficits jumeaux s'améliorent, mais restent une source de vulnérabilité

La situation budgétaire de la Sierra Leone s’est encore détériorée en 2022, en raison, notamment, de l’augmentation de la charge d’intérêts et de dépenses concernant la construction d’infrastructures routières. Les hausses des subventions aux denrées alimentaires et à l'électricité, liées à la dépréciation du leone et aux prix mondiaux élevés, ont également joué un rôle dans la détérioration de la situation budgétaire du pays. Néanmoins, en 2023 et 2024, le déficit budgétaire devrait se réduire via l’augmentation des recettes fiscales, notamment minières (5% du total des recettes), soutenues par la reprise économique, et la rationalisation des dépenses publiques. Le gouvernement devrait ainsi étendre ses mesures visant à contenir les dépenses courantes, avec notamment un gel des recrutements dans le secteur public, et réduire le budget alloué à la construction de routes. La numérisation du recouvrement des impôts et la réduction des allègements fiscaux soutiendront également les recettes. De plus, le dernier décaissement prévu pour octobre 2023 de la FEC (Facilité Elargie de Crédit) accordée en 2018 par le FMI participera à l’amélioration budgétaire. Ce déboursement interviendra après celui de juin dans le cadre des 172,1 millions de dollars sur 55 mois prêtés par l’organisation.

Par ailleurs, le déficit courant a continué de s’accroitre en 2022 en raison de recettes à l’exportation insuffisantes pour compenser la hausse des prix à l’importation des denrées alimentaires (80 % de la consommation doit être importée) et de l’énergie. En 2023 et 2024, le déficit devrait se réduire grâce à l’augmentation des recettes d’exportations liées aux minerais de fer. Les IDE dans le secteur minier et l’aide des donateurs internationaux contribueront également à l’amélioration de la situation financière extérieure de la Sierra Leone. Néanmoins, les réserves de change, tombées à 4 mois d’importations fin 2022, suite aux mesures du gouvernement visant à assurer l’approvisionnement des marchés locaux en denrées alimentaires et en carburants, devraient continuer à diminuer en 2023 et 2024 pour se stabiliser autour de 3 mois d’importations. Le poids de la dette publique, après avoir atteint 98,9% du PIB fin 2022, est attendu en baisse pour 2023 et 2024. Sa part extérieure (68% du total de la dette publique), détenue à 80% par des créanciers multilatéraux et à 20% par des créanciers bilatéraux, est jugée soutenable par le FMI. Cependant, l’exposition de la Sierra Leone au risque de surendettement est élevée et en augmentation en raison de la forte dépréciation du leone et d’un déficit plus important que prévu en 2022. La consolidation budgétaire, le recours à des financements concessionnels et la croissance seront déterminants pour assurer la viabilité de la dette.

Un climat politique et social fragile

Le président sortant, Julius Maada Bio, dirigeant du Parti Populaire de Sierra Leone (SLPP) a été réélu pour un second quinquennat dès le premier tour avec 56% des voix lors des élections présidentielles controversées de juin 2023. Son principal adversaire, Samura Kamara, dénonce des élections « truquées » et refuse de siéger à l’Assemblée nationale où le SLPP a obtenu la majorité (81 députés sur les 135 élus au scrutin proportionnel plurinominal), tandis que les observateurs de l’Union Européenne soulignent le manque de transparence du scrutin. Malgré un bilan mitigé en raison de l’inflation record et d’une sévère répression policières lors de manifestations d’août 2022, Julius Maada Bio était donné favori de ces élections aux côtés de son principal rival, Samura Kamara, loin devant les 11 autres candidats en lice. Alors que le pays a connu une paix relative depuis 2022 avec la fin de onze années de guerre civile, la situation politique pourrait exacerber les tensions sociales liées à l’inflation record. Dans ce contexte, la police sierra-léonaise a arrêté plusieurs personnes, dont des officiers supérieurs de l’armée, les accusant de préparer de violentes manifestations pour début août, signe de potentiels troubles sociaux latents. En parallèle, l’insécurité alimentaire, qui touchait 78% des ménages en février 2023, devrait continuer d’augmenter, soutenue notamment par le prix du riz et de l’huile de palme. Par ailleurs, une nouvelle drogue de synthèse, le « kush », se propage à travers le pays et touche particulièrement les jeunes alors que 70% d’entre eux se trouvent au chômage ou en emploi précaire.

Dernière mise à jour : août 2023

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