Turkménistan

Asie

PIB / Habitant ($)
11926,7 $
Population (en 2021)
6,5 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
E
Précédemment
D
Précédemment
E

suggestions

Résumé

Points forts

  • Cinquième plus grande réserve de gaz naturel prouvée au monde (près de 7% du total), mais 12ème producteur mondial (2024)
  • Position stratégique en Asie centrale, entre la Chine, d’une part, et l’Europe, via la mer Caspienne, d’autre part
  • Des comptes publics et extérieurs sains et un niveau d’endettement faible
  • Fonds de stabilisation budgétaire et souverain
  • Statut d’observateur auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)

Points faibles

  • Forte dépendance aux hydrocarbures (90% des exportations et recettes publiques), surtout au gaz (66% des exportations), à la Chine (85% des exportations de gaz début 2024) et à l’Iran du fait de l’enclavement
  • Faible part du secteur privé, structures de marché anticoncurrentielles, contrôle étatique tatillon, pas d’accès au financement extérieur, secteur bancaire peu développé, crédit dirigé
  • Strict contrôle des changes, des mouvements de capitaux et des importations, surévaluation du change officiel et change parallèle
  • Infrastructures médiocres, manque d’efficacité de la dépense publique (dépenses somptuaires) et mauvaise gestion des entreprises publiques
  • Gouvernance faible (corruption, autoritarisme, répression, politisation du système judiciaire, absence d’élections justes et libres, opacité de la politique économique, du secteur public et du système statistique)
  • Pénuries alimentaires et forte exposition au réchauffement climatique
  • Frontière poreuse avec l’Afghanistan et faibles ressources militaires
  • Retards importants pour l’achèvement du gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI) et le démarrage de la quatrième branche du gazoduc vers la Chine

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Chine
64%
Turquie
11%
Europe
8%
Ouzbékistan
5%
Azerbaïdjan
5%

Import des biens en % du total

Turquie 27 %
27%
Chine 25 %
25%
Europe 17 %
17%
Kazakhstan 10 %
10%
Japon 5 %
5%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Croissance stable, toujours portée par les exportations d’hydrocarbures

La croissance devrait se maintenir en 2026, comme en 2025. Malgré le ralentissement de l’économie chinoise – de loin le principal débouché des exportations d’hydrocarbures –, les prix relativement élevés du gaz et du pétrole continueront de soutenir les recettes extérieures. L’économie hors hydrocarbures bénéficiera d’investissements supplémentaires dans la pétrochimie (raffinage et fabrication d’engrais) et l’agriculture, notamment le coton, principalement exporté vers la Turquie. Cultivé le long de l’Amou-Daria, qui prend sa source au Pamir, entre l’Afghanistan et le Tadjikistan, et constitue une partie de la frontière avec l’Ouzbékistan, le coton bénéficie toujours d’une main-d’œuvre gratuite, mobilisée par l’État dans le cadre d’un système de travail forcé impliquant plusieurs dizaines de milliers de personnes. L’activité économique sera également légèrement soutenue par les dépenses publiques, notamment les investissements dans l’autoroute Ashgabat-Turkmenabat (reliant le nord et le sud à l’est du pays) et dans le développement de la ville nouvelle d’Arkadag – projet emblématique lancé en 2019, dont la construction ex nihilo se poursuit, bien que la ville reste pour l’instant largement inhabitée malgré son ampleur et son ornementation fastueuse.

La consommation privée et les services resteront bridés par la faiblesse des salaires, la pauvreté, le chômage et les pénuries de biens essentiels, liées à un contrôle des changes strict. L’inflation repartira, alimentée par la hausse annuelle d’environ 10 % des salaires publics et des pensions, et par les distorsions de prix dues au marché parallèle des devises.

Le gouvernement cherche à réduire sa dépendance à la Chine via des gazoducs vers le Pakistan et l’Inde (projet TAPI, dont l’achèvement est repoussé à la fin de la décennie), et vers l’Europe, par une conduite transcaspienne qui passerait par l’Azerbaïdjan et la Turquie. La récente rencontre entre dirigeants azéris et turkmènes a ravivé les spéculations : le projet présenterait un intérêt majeur pour l’Europe, mais demeure politiquement fragile, Moscou et Téhéran s’y opposant pour préserver leur rôle de transit et leurs parts du marché gazier. Les efforts du gouvernement se concentrent donc sur la relance de la conduite « D » vers la Chine – qui permettrait d’accroitre les capacités de livraison –, sur des accords de swaps – mécanisme par lequel du gaz turkmène est envoyé dans l’est de l’Iran, à charge pour celui-ci de livrer son gaz à la Turquie et à l’Irak – ainsi que sur le développement du champ géant de Galkynysh (400km à l’est d’Achgabat) et de nouveaux gisements offshores en Caspienne.

Une situation souveraine confortable

Le léger excédent budgétaire devrait se maintenir en 2025 et 2026. 90% des recettes publiques proviennent du commerce des hydrocarbures. Leur tassement lié à celui des cours du gaz et du pétrole pourrait être compensé par les recettes hors hydrocarbures. Les dépenses augmenteront au même rythme, avec l’augmentation des salaires des fonctionnaires et des pensions de retraite. Les programmes sociaux, tels que le contrôle des prix et la distribution de rations alimentaires devraient continuer. Les investissements publics seront concentrés dans les infrastructures et les secteurs hors hydrocarbures. Enfin, d’autres projets à faible valeur ajoutée, à l’instar des multiples statues à l’effigie du dirigeant, de ses animaux favoris, ou de figures nationales seront probablement annoncés, comme chaque année. La dette du Turkménistan restera stable. Son très faible montant est entièrement détenu par des créanciers domestiques.

L’excédent courant devrait continuer à se réduire en 2026. Les importations augmenteront plus rapidement que les exportations : les travaux publics nécessitent des matériaux de construction en provenance de l’étranger, et l’augmentation des salaires des fonctionnaires alimente la demande en biens de consommation, bien que leur accès demeure difficile en raison du contrôle des changes. La balance des services pourrait s’améliorer dans les années à venir grâce au développement du tourisme, que laisse présager la simplification des démarches pour visiter le pays et la création d’un visa électronique. Cependant, le potentiel touristique reste inférieur à celui de l’Ouzbékistan voisin, qui possède davantage de sites historiques attractifs. L’essentiel des IDE provient de la Chine, notamment dans le cadre de la Belt Road Initiative, mais ils restent assez faibles en proportion du PIB. Ils contribuent à assurer la maintenance des gazoducs vers la Chine et l’exploitation du champ de Galkynysh. Le Turkménistan ne bénéficie d’aucun programme d’aide ou d’investissement multilatéral. L’excédent du compte courant se traduit par une réserve de change importante, équivalente à 19 mois d’importations.

Un régime autoritaire au centre de l’Asie, parmi d’autres

Le Turkménistan est officiellement une république présidentielle, mais demeure en pratique un régime autoritaire depuis son indépendance en 1991. La transition dynastique s’est opérée en 2022 avec l’élection de Serdar Berdimouhamedov à la présidence, tandis que son père, Gourbangouly, ancien chef de l’État, conserve une influence décisive en tant que président de la chambre haute du Parlement – où se concentre la réalité du pouvoir. Le multipartisme, autorisé en 2012, n’a pas permis l’émergence d’une opposition réelle et la vie politique reste strictement contrôlée. Les libertés publiques sont limitées, les médias placés sous tutelle et la société civile muselée. Le culte de la personnalité, omniprésent dans la communication officielle, renforce la légitimité des dirigeants et s’accompagne de projets architecturaux monumentaux, souvent en décalage avec une situation socio-économique marquée par les pénuries, le chômage et la dénatalité masqués.

Sur le plan extérieur, le Turkménistan maintient sa doctrine de neutralité proclamée en 1995 et reconnue par l’ONU, tout en renforçant ses liens économiques et politiques avec la Chine, principal partenaire commercial et financier. Les dirigeants se rencontrent fréquemment, dans le cadre de sommets diplomatiques régionaux, de la Belt Road Initiative, ou, en septembre 2025, lors du sommet de l’OCS, bien que le Turkménistan n’en fasse pas partie. Le pays participe aussi à l’Organisation des États turciques depuis 2022, marquant un rapprochement avec la Turquie et une relative prise de distance vis-à-vis de la Russie. Le Turkménistan est enfin membre de l’Organisation de la coopération islamique.

Le pays coopère prudemment avec ses voisins immédiats. Au sud, l’Afghanistan constitue le principal sujet de préoccupation : la stabilité du régime taliban conditionne l’avenir du projet de gazoduc TAPI et l’accès aux ressources en eau de l’Amou-Daria. Avec l’Iran, les liens sont ambivalents, oscillant entre coopérations énergétiques ponctuelles et tensions récurrentes liées au règlement de dettes gazières. Les relations avec l’Ouzbékistan se sont renforcées depuis l’ouverture régionale engagée par Tachkent, notamment sur les questions de commerce et de partage de l’eau. Enfin, les rapports avec le Kazakhstan demeurent stables, centrés sur la coopération en mer Caspienne et les conduites vers la Chine.

Dernière mise à jour : 1 October 2025

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