

Tchad
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -2,2 | 1,0 | 3,0 | 3,0 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 3,5 | 3,0 | 5,2 | 3,0 |
Solde public / PIB (%)* | 1,2 | -1,8 | 5,4 | 7,8 |
Solde courant / PIB (%)* | -7,6 | -4,5 | 0,8 | -2,4 |
Dette publique / PIB (%) | 54,2 | 56,0 | 44,7 | 38,3 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *Dons et transferts inclus
POINTS FORTS
- Exploitation de nouveaux gisements pétroliers
- Potentiel de développement du secteur agricole
POINTS FAIBLES
- Niveau de pauvreté très élevé (41.7% de la population en 2020 d’après la Banque Mondiale)
- Économie dépendante du pétrole
- Climat des affaires défavorable au développement du secteur privé et corruption élevée
- Pays isolé géographiquement
- Dégradation des conditions de sécurité, tant au niveau national que dans les pays voisins (Cameroun, Libye, Nigéria) avec lesquels les frontières sont poreuses
- Bas niveau du lac Tchad, avec des effets négatifs sur le coton, la pêche et l’environnement
Appréciation du risque
Reprise économique lente dans un contexte politique fragile
En 2022, la reprise économique devrait rester fragile. En effet, les retombées de la crise sanitaire, l'instabilité politique et un climat d’insécurité devraient persister. La reprise devrait être soutenue par les exportations de pétrole, les prix internationaux du pétrole brut restant favorables et la production augmentant modestement. La reprise de la production dépendra principalement de l'augmentation des volumes de la China National Petroleum Corporation, les compagnies pétrolières étrangères (ExxonMobil et Petronas) ayant annoncé qu'elles cherchaient à se retirer du secteur pétrolier du pays. Les coûts d'extraction élevés, l'environnement réglementaire national opaque, le niveau élevé des risques politiques et en matière de sécurité ainsi que la restructuration de la dette en cours continueront de freiner l'investissement privé en 2022. La hausse des recettes pétrolières pourrait soutenir la consommation et les investissements publics mais la restructuration de la dette limitera probablement la contribution de ce moteur de croissance. En outre, l'assouplissement des restrictions, après la levée de l'état d'urgence sanitaire en septembre 2021, et les progrès réalisés dans le déploiement des vaccins (même si ce déploiement a été lent), pourraient légèrement stimuler la reprise en 2022, en soutenant la consommation (environ 86% du PIB). Cette dernière resterait néanmoins limitée du fait d’un niveau de pauvreté élevé, la population restant majoritairement employée dans des activités agricoles à faible valeur ajoutée. De plus, les déplacements de population liés au terrorisme dans la région du lac Tchad et la forte exposition du pays aux aléas climatiques pourraient diminuer la contribution de la consommation à l'activité économique.
Un soutien international subordonné aux négociations sur la restructuration de la dette
Le solde budgétaire devrait s'améliorer et enregistrer un léger excédent en 2022. Cette amélioration sera en grande partie due à la hausse des recettes pétrolières qui augmentera les recettes de l'État. La suppression progressive des dépenses liées à la COVID-19 contribuera également à améliorer le solde budgétaire. Toutefois, compte tenu de l'instabilité politique et l’insécurité récentes, les pressions sur les dépenses devraient rester élevées, car les dépenses militaires et de défense devraient augmenter. Alors que le fardeau économique et financier s'alourdit en raison de la pandémie, de la baisse des prix du pétrole, du changement climatique, ainsi que des problèmes politiques et de sécurité, le pays a présenté, en janvier 2021, une demande officielle de restructuration de sa dette publique. Si les créanciers officiels (22% de la dette extérieure) ont accepté un compromis pour restructurer leurs créances (juin 2021), un accord reste à trouver avec Glencore, une entreprise anglo-suisse de négoce des matières premières détenant 98% de la dette commerciale du pays. Une part importante de la dette extérieure (34%) est détenue par des pays non-membres du Club de Paris, comme la Libye, la Chine et l'Angola. En décembre 2021, le FMI a approuvé une facilité élargie de crédit (FEC) de trois ans pour un montant de 571 millions d'USD, ce qui permet un décaissement immédiat de 78 millions d'USD. D'autres décaissements sont subordonnés à la conclusion d'accords de restructuration avec les créanciers officiels et privés d'ici fin mars 2022.
En 2022, le déficit courant devrait se creuser et rester important, dans le sillage d’une la détérioration du déficit des échanges de marchandises et de services. Il devrait néanmoins rester plus faible qu'en 2020, année où il a subi l'impact de l'effondrement des prix du pétrole. En 2022, alors que les recettes d'exportation devraient augmenter, la croissance des importations de biens et services - principalement pour soutenir le développement du secteur pétrolier - devrait être plus rapide. Le déficit moindre du compte des revenus sera maintenu grâce au rapatriement des bénéfices des entreprises basées dans le pays. La contribution positive du compte de transferts sera insuffisante pour compenser ce déficit important. Après qu'un prélèvement sur les réserves de la CEMAC a été nécessaire en 2020, les IDE et le soutien financier des bailleurs de fonds, qui financent habituellement le déficit du compte courant, devraient le financer à nouveau en 2022. Les réserves régionales de la CEMAC devraient se rétablir lentement, mais resteront inférieures à cinq mois d'importations en 2022.
La mort du Président Idriss Déby fragilise davantage un environnement politique vulnérable
Après plus de 30 ans au pouvoir, le président Idriss Déby est décédé en avril 2021, alors qu'il rendait visite à des troupes qui tentaient de maîtriser une insurrection du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), dans le nord du pays, et quelques heures seulement après la confirmation de son sixième mandat par les résultats préliminaires des élections présidentielles. Son fils, le général Mahamat Déby, a été désigné par les militaires comme le nouveau chef d'État pour superviser une période de transition de 18 mois et diriger un conseil militaire transitoire (CMT) de 15 membres. Après la période de transition, ce dernier s'est engagé auprès de l'Union africaine à organiser des élections législatives et présidentielles fin 2022. Cependant, le CMT n'a pas respecté la Constitution (des élections devaient être organisées dans les 90 jours suivant la vacance du poste de président) et l’armée risque de vouloir conserver le pouvoir. L'environnement politique devrait donc rester instable en 2022. Si des élections sont organisées, le Mouvement patriotique du Salut, qui domine la scène politique, bénéficierait probablement d'un soutien solide. À la situation politique instable s’ajoutent des tensions sociales récurrentes et la menace persistante du terrorisme islamiste dans la région du Sahel.
Dernière mise à jour : Février 2022